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Conciliation médicamenteuse : objectifs et enjeux

Conciliation médicamenteuse : objectifs et enjeux

Saviez-vous qu’en France, les hospitalisations causées par l’effet indésirable d’un médicament ont augmenté de 136 % en 10 ans ? (1). Plus récemment, une étude américaine du NEJM Group a mis en exergue que 39 % des complications durant une hospitalisation seraient dues aux médicaments (2). Il est également courant que des patients recevant plusieurs traitements simultanément soient confrontés à des oublis de prescription ou à des prescriptions de médicaments arrêtés, malgré la vigilance du médecin. Pour faire face à ces problématiques, une solution s’impose : la conciliation médicamenteuse. Le déploiement d’une telle démarche est capital pour lutter contre la iatrogénie et garantir la sécurité des patients ainsi que l'efficacité des médicaments prescrits. Mais concrètement de quoi s’agit-il ? Pourquoi faut-il mettre en place ce dispositif ?

Sommaire

Définition de la conciliation médicamenteuse

Selon la définition de la Haute Autorité de Santé (HAS, 2018), la conciliation médicamenteuse est “une démarche de prévention et d’interception des erreurs médicamenteuses visant à garantir la continuité de la prise en charge médicamenteuse du patient dans son parcours de soins”(3).

Cette démarche est mise en place par le pharmacien hospitalier (par exemple, dans une Pharmacie à Usage Intérieur (PUI) ou bien dans les services cliniques) dès l'admission d’un patient en établissement de santé, puis se poursuit à sa sortie et durant les éventuels transferts. La conciliation médicamenteuse permet à l’ensemble des acteurs de la santé du patient de diminuer les risques d’erreurs médicamenteuses en analysant, historisant et communiquant la prise en charge thérapeutique à chaque étape de transition du parcours patient et de faire l’interface entre la ville et l’hôpital.

Ce sont généralement les personnes âgées qui sont priorisées dans le cadre de ce dispositif ainsi que les patients polymédicamentés. Un sujet d'importance capitale quand on sait que l'Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (IRDES) a identifié une polymédication chez 14 à 49 % des patients âgés de plus de 75 ans (4).

Quels sont les objectifs et enjeux de la conciliation médicamenteuse ?

La conciliation médicamenteuse est donc cruciale aujourd’hui, car elle permet de prévenir et/ou corriger les erreurs médicamenteuses. Elle répond aussi à plusieurs enjeux actuels tels que :

  • La nécessité de sécuriser la prise en charge médicamenteuse du patient et de décloisonner la médecine de ville et hospitalière ;
  • Assurer la continuité des soins ;
  • Simplifier les interactions entre les différents acteurs de santé autour de la prise en charge médicamenteuse ;
  • L’amélioration de l’éducation thérapeutique du patient.

Professionnels de santé et patients : tous impliqués dans la conciliation médicamenteuse

La conciliation médicamenteuse a un autre bénéfice non négligeable : elle favorise  la transmission d’informations sur les traitements pris par un patient entre les soignants concernés tout au long de la prise en charge médicamenteuse du patient.

Médecins, infirmiers diplômés, internes en pharmacie, pharmaciens ou bien préparateurs en pharmacie, ils participent tous à leur échelle au dispositif de la conciliation médicamenteuse.

Si le recueil d’informations peut être réalisé par les personnes exerçant un métier paramédical ou les préparateurs en pharmacie, la gestion des divergences est gérée par les Médecins et Pharmaciens. En effet, après l’analyse pharmaceutique des ordonnances transmises par le patient - ou bien ses proches, la pharmacie d’officine, le médecin généraliste, un spécialiste -, un pharmacien peut entreprendre une intervention pharmaceutique (IP) visant à résoudre les problèmes détectés liés à la thérapeutique (5). Le pharmacien va formuler un avis pharmaceutique qui peut inclure une suggestion pour supprimer des médicaments ou modifier la posologie du traitement, des informations sur l’administration et le suivi du traitement ainsi que des conseils pour améliorer la prise en charge thérapeutique.

Enfin, Il faut aussi prendre en compte qu’une conciliation médicamenteuse réussie améliore grandement la prise en charge du patient durant tout son parcours de soins. Elle permet aussi au patient d’obtenir une meilleure connaissance de ses traitements grâce à des échanges avec le personnel médical. Il lui sera d’une grande aide en communiquant sur ce qu’il lui est prescrit.

Med’Rec, l’expérimentation innovante de la Haute Autorité de Santé

En 2015, la Haute Autorité de Santé (HAS) a mené une expérience de conciliation appelée “L'expérimentation Med'Rec” qui visait à éviter les erreurs médicamenteuses en obtenant une liste complète des médicaments pris par le patient avant son hospitalisation, qu'ils soient prescrits ou en automédication. Résultats : cette étude menée sur 5 ans dans 9 établissements de santé sur des patients de plus de 65 ans a permis de détecter 46 188 divergences médicamenteuses chez 27 447 patients conciliés, avec 21 320 erreurs médicamenteuses identifiées. Cette étude démontre que sans expérimentation de conciliation médicamenteuse, 5 % de ces erreurs auraient pu avoir des conséquences médicales majeures (6).

La conciliation médicamenteuse en quelques chiffres

En 2015, la Direction générale de l’offre des soins (DGOS) a réalisé une enquête sur le déploiement national de la conciliation médicamenteuse. Il en est ressorti que sur les 1 688 établissements de santé qui ont répondu,  90 % réalisent une activité de pharmacie clinique et seulement 22 % d’entre eux ont déclaré avoir déjà fait de la conciliation (7).

C’est en médecine hors urgences, chirurgie, gériatrie et SSR que la conciliation a été le plus pratiquée (de 41 à 59 %). Dans d’autres services, à l’inverse, la démarche était peu implantée. Par exemple, 10 % en gynécologie-obstétrique et 23 % pour le service des urgences.

Toujours selon cette étude, 95 % des conciliations sont réalisées au moment de l’admission du patient. En sortie, elles sont faites à 68 %. Au moment des transferts de structures, la conciliation serait plus pratiquée, entre autres, pour les dispositifs d’Hospitalisation à domicile, les activités de Soins de Suite et de Réadaptation.

C’est parce qu’il y a quelques freins au développement de la conciliation que celle-ci n’est pas encore mise en place dans tous les établissements. De manière générale, l'inadéquation des outils et des SI génère des tâches chronophages comme la ressaisie des informations patients. L’étude de la DGOS met aussi en avant un manque de disponibilités des professionnels (94 %), un manque d’outil pour les aider (81 %), des systèmes d’information ou logiciels métiers inadaptés (78 %). Viennent ensuite une méthodologie qui peut être complexe à mettre en usage (75 %) ainsi qu’un manque de formation (74 %). 

Pour en savoir plus et découvrir d'autres données de l’étude, consultez le compte rendu sur la conciliation médicamenteuse du Ministère de la santé et de la prévention.

Comment mettre en œuvre la conciliation médicamenteuse ? Les étapes clés

S’il n’y a pas aujourd’hui de directives imposées par la loi à respecter concernant la mise en place d’un processus de conciliation médicamenteuse, celui-ci reste tout de même formalisé. En effet, il y a des bonnes pratiques et étapes à suivre

Les 3 étapes importantes de la conciliation d’entrée

Il existe plusieurs étapes clés qui varient en fonction du moment où est réalisée la conciliation médicamenteuse.

Dans le cadre d’une conciliation d’entrée à l’hôpital, le pharmacien hospitalier - ou le préparateur - fait d’abord une recherche d’informations sur les traitements pris par le patient (tous types de médicaments, compléments alimentaires, etc.) Comment ? En discutant avec le patient ou ses proches, en analysant les ordonnances prescrites ainsi que son dossier pharmaceutique. S’il manque d’informations sur le patient, il va être amené à contacter le médecin traitant ou la pharmacie d’officine habituelle du patient pour obtenir des réponses à ses questions.

Ensuite, la réalisation d’une comparaison entre bilan médicamenteux et l’ordonnance médicamenteuse à l’admission (OMA) pour analyser les traitements en cours (effets indésirables ou secondaires, risques éventuels, etc.) aura lieu.

La troisième étape de la conciliation d’entrée consiste après une mise à jour du bilan à le communiquer aux professionnels de santé qui s’occupent du patient. Si le traitement est inapproprié, le médecin en charge du patient durant l’hospitalisation aura toutes les clés en main pour trouver une alternative.

A noter : si une conciliation est effectuée avant la prescription hospitalière, on appellera cela la conciliation médicamenteuse proactive. Si c’est après la prescription, alors ce sera la conciliation rétroactive (8).

Les phases importantes de la conciliation de sortie

Au moment de la sortie d’hospitalisation du patient, la conciliation médicamenteuse est aussi importante que celle d’entrée et comme l’explique l’OMéDIT Centre-Val-de-Loire, il s’agit “d’un processus interactif qui garantit la continuité du traitement médicamenteux lors du retour à domicile du patient hospitalisé pour une transmission en temps utile d'une information validée.

Le pharmacien et l’équipe médicale qui se consacre à la conciliation va cette fois-ci comparer la prescription du médecin avec le traitement en cours du patient et le bilan médicamenteux. Des échanges peuvent avoir lieu entre le pharmacien et le médecin, par exemple en cas de divergences non intentionnelles ou d'erreurs médicamenteuses. Seront ensuite réalisés : une fiche de conciliation de sortie enregistrée dans le dossier patient et un entretien avec le patient ou l’un de ses proches pour lui donner des informations sur son traitement. Enfin, toutes ces informations seront aussi transmises aux soignants habituels du patient (médecin traitant, pharmacien d’officine, infirmier, aide soignant…).

CAQES et certification HAS : garantir l'assurance de la qualité des soins grâce à la conciliation médicamenteuse

Il y a également de plus en plus de certifications qui comprennent un volet sur la conciliation, en incluant des exigences à suivre ainsi que le Contrat d'Amélioration de la Qualité et de l'Efficience des Soins (CAQES). Cela permet de garantir la sécurité et la qualité des soins de santé offerts aux patients, tout en s’assurant que la démarche de conciliation soit effectuée efficacement. Le CAQES a été créé par la Loi de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS) et comprend plusieurs indicateurs nationaux et régionaux à ce propos.

Dans le cadre de la Certification des établissements de santé pour la qualité des soins, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande des critères spécifiques pour la conciliation médicamenteuse, tels que :

  • Mettre en œuvre la conciliation lors des situations les plus à risque,
  • Avoir une liste exhaustive des médicaments, c’est-à-dire, prendre en compte tous les médicaments du patient. Cela comprend aussi les médicaments en vente libre ou en automédication,  les compléments alimentaires et les produits homéopathiques.
  • Indiquer et lister les doses précises de chaque médicament. Adapter les dosages selon le terrain patient.
  • Identifier les allergies et prendre en compte les contre-indications de tous les médicaments pour minimiser les risques pour le patient.
  • Identifier également les interactions médicamenteuses potentielles.
  • Enfin, documenter tous les éventuels changements de traitements. Ainsi, tout le corps médical en charge du patient, ce dernier et aussi ses proches seront informés de toutes les évolutions. Il faut aussi informer le patient, en prévision de sa sortie, des consignes de suivi à tenir pour les médicaments prescrits.

D’un point de vue plus international, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a mis en place au niveau international le projet High 5’s (9), a également émis des recommandations sur la conciliation des médicaments qui ont été intégrées dans les normes de certification d'organismes tels que la Joint Commission International (JCI) et l'Organisation nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES).

Plateforme de conciliation médicamenteuse, un gain de temps précieux pour les soignants

Aujourd’hui, il existe de nombreux outils pour accompagner les soignants dans la mise en place de la conciliation, tels que des outils d’autodiagnostic (10), d’aide à la formation ou encore des solutions de conciliation médicamenteuse automatisée, à l’instar de Posos.

Venant en renfort des logiciels métier ou DPI utilisés par les établissements de santé, la solution que nous proposons chez Posos va venir faciliter la pratique des soignants en charge de la conciliation.

Comment ? Tout d’abord, en diminuant le temps nécessaire à la ressaisie des informations patients, l’aide à la rédaction de documents administratifs, par exemple grâce au remplissage facilité du Bilan Médicamenteux Optimisé (BMO), de l'ordonnance Médicale d'Admission (OMA) et l’analyse des divergences. Avec ce gain de temps, les entretiens des patients sont préservés.

Avec cette solution complète de conciliation automatisée, les soignants vont aussi pouvoir :

  • Alimenter les unités d’oeuvre de la PUI grâce au calcul automatique des indicateurs CAQES (Contrat d'Amélioration de la Qualité et de l'Efficience des Soins),
  • Éviter les doubles saisies d’informations patients avec une plateforme connectée à la GAM (logiciel de gestion administrative du patient).

Au total, ce sont 212 500 personnes hospitalisées en France en unités de court séjour à cause d’un effet indésirable médicamenteux (source : CNGE) (11). La conciliation va donc sans aucun doute être de plus en plus déployée au national. De plus, ce dispositif encourage les soignants à échanger entre eux et permet à la fois de sensibiliser et de responsabiliser les patients.

Vous savez maintenant ce qu’est la conciliation médicamenteuse, qui sont les professionnels de santé concernés et comment la mettre en place au sein d’un établissement de santé. Si vous souhaitez aller plus loin dès maintenant et découvrir notre solution modulaire, contactez-nous :

conciliation-medicamenteuse-posos

Sources de l’article :

  • (1) Etude IATROSTAT, 2022. Lien.
  • (2) David W. Bates, et al "The safety of inpatient health care" N Engl J Med 2023; 388:142-153; DOI: 10.1056/NEJMsa2206117. Lien.
  • (3) « Mettre en œuvre la conciliation des traitements médicamenteux en établissement de santé », Guide Haute Autorité de Santé (HAS), 2018. Lien.
  • (4) « Mesurer la polymédication chez les personnes âgées : impact de la méthode sur la prévalence et les classes thérapeutiques », IDRES, 2015. Lien.
  • (5) « Intervention pharmaceutique : mode d’emploi », USPO, 2014. Lien.
  • (6) « Initiative des HIGH 5s Medication Reconciliation », HAS, 2015.  Lien.
  • (7) « La conciliation médicamenteuse : enquête sur son déploiement national », Ministère de la santé et de la prévention, 2015. Lien.
  • (8) « Conciliation médicamenteuse », Omedit Grand Est, 2021. Lien.
  • (9) « Enjeux de l’informatisation de la conciliation médicamenteuse », ANAP, 2019. Lien.
  • (10) « Conciliation médicamenteuse : l’Anap propose un outil d’évaluation », ANAP, 2022. Lien.
  • (11) Bénard-Laribière A, Miremont-Salamé G, et al. EMIR Study Group on behalf of the French network of pharmacovigilance centres. Incidence of hospital admissions due to adverse drug reactions in France: the EMIR study. Fundam Clin Pharmacol 2015;29:106-11. Lien.

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